Une installation en Bretagne

Une migration de missionnaires Gallois en Armorique

chapelle Ste Colombe en Lanloup
chapelle Ste Colombe en Lanloup

"Coz-yaudet", une vieille cité disparue près de Lannion

 

Saint Therizien, alias Rithian ou Drigent se retrouve en petite Bretagne sur la côte Nord. Avant la conquête romaine, des tribus gauloises y étaient établies et notamment celle des Osismes dans ce qui fait aujourd’hui le Finistère et le Trégor.

Cette tribu avait pour centre de vie Carhaix connue aussi sous le nom romain de Vorgium, mais avait développé des cités notamment côtières et l’une d’elle « Coz-yaudet » avait une importance particulière à l’embouchure de la rivière Leguer, à huit kilomètres à l’ouest de la ville de Lannion sur la commune de Ploulec’h.

Il ne reste que peu de choses de ce site, promontoire granitique dominant la rivière, mais des fouilles récentes et approfondies ont révélé une cité importante, centre administratif et militaire de la région, de la période de l’âge du fer jusqu’au bas-empire romain. Le nom de cette place signifie « vieille cité ». Il est possible qu’il soit devenu un siège épiscopal dans la première moitié du V°siécle lors du démembrement du site de Carhaix à l’occasion des soulèvements de l’Armorique contre l’autorité de l’empire, et de la nécessité d’instaurer des points forts de défense côtiers contre les pirates et brigands Scots d’Irlande.

 

Une présence de Saint Therizien attestée dans le Trégor


A l’instar de nombreux moines missionnaires des monastères gallois qui constituèrent une des vagues successives de migration entre la Bretagne insulaire et l’Armorique, donnant ainsi son nom actuel à cette région, notre personnage se retrouve dans le Trégor. Sa présence est révélée par un manuscrit étrange qui recense les noms des évêques bretons depuis les origines jusqu’à l’époque de son auteur.
Son auteur est Albert Le Grand qui fut un Père dominicain originaire de Morlaix et qui rédigea la première synthèse d’hagiographie bretonne : « La vie des saincts de la Bretaigne Armorique » publiée à Nantes en 1637  Cet ouvrage se situe dans le mouvement de revitalisation du culte des saints par l’église catholique en réponse aux attaques issues des protestants.
Cette vie des saints comporte les listes des évêques sur les différents sièges épiscopaux de Bretagne et notamment celui de Lexobie (autre nom parfois attribué à Coz-Yaudet).

Il donne une liste dans laquelle figure le nom latinisé de notre personnage :
« Tirizianus sacré l’an 531, sous le pape Saint Jean le second, les mêmes empereurs et roy, ne fut un an entier et mourut au commencement de l’an 532 » Cet évêque, soixante-huitième de la liste précéda Tugdual, considéré comme un des sept saints fondateurs de la Bretagne, qui fonda un monastère à Tréguier ou fut plus tard transféré le siège épiscopal, Lexobie ayant été détruit en 836 par les vikings danois.
Cette liste, le dominicain l’a trouvée auprès du chanoine de Tréguier Maudez de Trogoff, l’ayant lui-même copiée en 1590 d’un vieux légendaire de la cathédrale de Tréguier aujourd’hui disparu. Ces listes ont fait couler beaucoup d’encre et certains historiens les ont traitées de fables comme ayant servi à des évêques pour attester de l’ancienneté de leur siège épiscopal.

Il apparait que le manuscrit source ne possède pas de chronologie et que le dominicain a clairement inventé les successions de dates, à partir de quelques repères établis comme le fait que saint Tugdual vécu au VI°siècle. Cependant, il n’en reste pas moins que le nom de notre personnage appartenait à un légendaire de la cathédrale, qu’à ce titre il était évoqué régulièrement dans les offices religieux et dans les lectures des communautés monastiques.

Il appartient donc à la tradition de l’Eglise et même si les dates de son épiscopat sont hasardeuses, le fait qu’il soit cité juste avant Saint Tugdual dans la liste le situe dans le VI° siècle. Ayant traversé la Manche avec ses congénères, il s’établit sur la côte dans cette antique cité et devient de par sa position de moine et vraisemblablement prêtre le chef religieux de cette communauté où se côtoyaient les armoricains autochtones et les migrants bretons et gallois.

Depuis cette époque le patronyme Therizien, avec des variantes d'orthographe (Therezien, Le Therisien), reste localisé principalement dans cette région du Goëlo.

Environ 120 familles le portent de nos jours.

 

Différents lieux dédiés


Plusieurs lieux dans cette région sont ou ont été dédiés à notre saint ou à des personnes ayant porté le nom par la suite :
- Chapelle aujourd’hui détruite à Trevou-Treguignec : en 1389 le pape accorda par bulle des indulgences à tous ceux qui aideraient à la restauration de cette chapelle endommagée par les guerres.
- Chapelle St Regent ,autre forme du nom, aujourd’hui détruite en Lanrelas
- Lieu-dit Kertherezien à Plehedel
- Chapelle aujourd’hui détruite à Saint Herijen (SantTheritgen) sur Penvenan (saint Eligean)
- Une croix « Therezien » aujourd’hui disparue, à l’intersection des routes de Plouha et de Lanloup
- Une statue dans la chapelle aujourd’hui détruite à l’entrée du pont de Lézardrieux et dédiée à Saint Christophe ; on ignore ce qu’est devenue la statue encore visible en 1938
- Statue de St Therizien à la chapelle Ste Colombe de Lanloup, aujourd’hui déplacée à l’église paroissiale de Lanloup. Datation évaluée au XVII°siècle elle vient d’être restaurée. Elle aurait pu être commandée par le P. dom Yvon Therezien recteur de Lanloup en 1605. Cette statue a été modélisée en 3D par la spciété E-mage-in 3D : accès au modèle : https://sketchfab.com/models/20c68237140c4ddebacd4a707dfc326f

statue dans l'église de Lanloup


blason de la famille Therezien de Kermorvezen en Plehedel: d'Azur au chevron d'argent accompagné de trois étoiles de même, deux en chef et une en pointe
blason de la famille Therezien de Kermorvezen en Plehedel: d'Azur au chevron d'argent accompagné de trois étoiles de même, deux en chef et une en pointe
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