Un patronyme qui se répand jusqu'en Finistère

Ce patronyme se répand et il est possible d’en trouver trace dans bon nombres de documents depuis  les cartulaires des abbayes de Redon au début du IX° siècle (Torithgen, Thorrithien) et Quimperlé (Terethian) au début du XI°s jusqu’au fil des siècles ou il se transforme en nom de famille porté encore de nos jours sous des orthographes diverses.

Il est à noter qu’un abbé du X°siècle de l’abbaye de la pointe St Matthieu se nomma Turthianus ou Thiritianus (tiritien) et est cité pour la date du 20 mai, date de son décès, dans le nécrologe-obituaire de l’abbaye de Landévennec rédigé par Guillaume de Rennes en 1293. Certains pensent que le culte du saint correspond à ce personnage, peut-être s’est-il superposé à celui d’origine Galloise il sera difficile de les distinguer. La trace la plus ancienne est un prieuré dédié à Saint Terethian à Quimperlé , mentionnée au milieu du XI° siècle dans une donation lors de la fondation de l’abbaye .

Une chapelle St-Drigent sur la presqu'île

La seule chapelle restant accessible est celle du hameau de Saint Drigent à Crozon. Son saint tutélaire est aujourd’hui Philibert mais au vu du nom du hameau il est quasi certain qu’elle fut dédiée à notre personnage. La chapelle actuelle est datée par une inscription de 1661 et 1667 sur le clocheton. C’est l’époque du début de la restauration mauriste à l’abbaye de Landévennec, à un moment où l’abbé de Landévennec Pierre Tanguy cumule la charge de l’abbaye et de la cure de Crozon. Le monastère revit avec cette restauration et entreprend des importants de rénovation et même hors les murs puisque la chapelle du Folgoët est rebâtie sur les restes anciens du lieu de culte populaire à Salaûn Ar Foll en 1644. En est-il de même à St Drigent ? Il est probable que la chapelle actuelle remplaçe un lieu de culte ancien à Saint Drigent, dont le hameau garde le nom, et détruit lors des guerres mais que les moines dédièrent à Saint Philibert.

Ce dernier, fondateur des abbayes de Jumièges en Normandie, puis de Noirmoutier n’est pas un inconnu des moines de Landévennec puisqu’il est cité dans le cartulaire de l’abbaye pour avoir rencontré avec deux autres personnages au titre d’une ambassade de Charlemagne le roi Gradlon, St Corentin et St Gwénolé pour lui proposer une alliance contre les vikings.

De ce récit totalement anachronique on peut extrapoler la présence des abbés de Landévennec, St Philibert de Noirmoutier, de l’évêque de Quimper et d’un GradlonPloneour, qui n’est pas le primitif mais un autre comte de Cornouailles qui se battit effectivement au IX° siècle contre les vikings était grand protecteur de l’abbaye à tel point que sa pierre tombale serait dans l’église de l’ancienne abbatiale. Les moines de Landévennec ont  établi par ailleurs un prieuré à Plonéour-Lanvern dédié à St Philibert, dont le culte est d’ailleurs bien implanté en Bretagne sud. Les moines de Noirmoutier fuirent d’ailleurs les invasions vikings en se réfugiant à St Philibert de Grandlieu puis à Tournus à l’époque où les moines de Landévennec firent de même vers Montreuil/Mer.

Non loin de la chapelle St Drigent se trouve une fontaine dédiée au saint : « feunteun ar zant » qui malheureusement a été démolie et rebâtie avec un socle en ciment sans aucun intérêt architectural.

D’autres noms de lieux sont issus du personnage :
-Kerdilizien en Le Drennec
-Kerdilichant en Guipavas (Kerdirizien en 1705)
-Lerrigen en Gouezec : au XI° Lan Rithian dans le cartulaire de Landévennec, il existe une rue de Lanrijen à Pont-Coblanc. Ce lieu se situe sur des terres ayant appartenu à l’abbaye st Génolé de Landévennec.